AQUAPHOBIE : ET SI VOUS PASSIEZ LE TEST ?

L’eau n’est pas l’élément dans lequel vous êtes le·la plus à l’aise ? Vous êtes peut-être aquaphobe. La bonne nouvelle, c’est que cette phobie de l’eau n’est pas irréversible. 

 La peur chronique de l’eau est un véritable fléau pour celles et ceux qui la subissent au quotidien. Imaginez donc être complètement dépossédé·e de vos moyens à la simple idée de devoir plonger un pied, puis l’autre, dans une piscine ou encore en songeant au fait de malencontreusement recevoir quelques éclaboussures ? C’est ce que vit un·e Français·e sur dix. 
Alors comment savoir si l’on est aquaphobe ou simplement pas très attiré·e par l’environnement aquatique ? D’où nous vient cette phobie ?  Est-il seulement possible de la vaincre ? Si oui, de quelle·s manière·s ? Et quels gestes adopter auprès des personnes aquaphobes pour respecter les limites que leur impose cette phobie – sans minimiser cette dernière – tout en essayant de les rassurer au maximum ? Nous avons mené l’enquête.  

DANS CET ARTICLE : 

COMMENT S’APPELLE LA PEUR/LA PHOBIE DE L’EAU ? 

COMMENT SAVOIR SI L’ON EST AQUAPHOBE ? LES SIGNES QUI NE TROMPENT PAS. 

D’OÙ VIENT L’AQUAPHOBIE ? 

COMMENT SE DÉBARRASSER DE CETTE PHOBIE/PEUR AFIN DE SE DÉTENDRE (ENFIN) DANS L’EAU ? 

 COMMENT S’APPELLE LA PEUR/LA PHOBIE DE L’EAU ? 

Vous vous en doutez, pour parler d’une peur intense de l’eau à tel point que celle-ci en devient une phobieon parle d’aquaphobie. Côté étymologie, le terme aquaphobie vient du latin aqua signifiant eau, et du grec phobia, comprenez peur. Quant à lui, le dictionnaire Larousse définit l’aquaphobie comme étant une “crainte angoissante […] d’une situation, d’un objet ou de l’accomplissement d’une action”, ou encore “[d’une] peur instinctive de quelque chose”. 

 L’aquaphobie se traduit de différentes façons (à savoir qu’il existe des degrés d’aquaphobie, allant de l’appréhension à la peur panique). Aussi, si l’un ou plusieurs des symptômes qui suivent vous concernent, il est probable que vous soyez aquaphobe : 

⇾ la peur de l’eau sous toutes ses formes (pluie, éclaboussures, cascades, etc.), et ce, même lorsqu’elle est peu profonde ou calme ; 
de l’anxiété en pensant à l’eau et/ou lorsqu’on se trouve à proximité de l’eau ; 
⇾ la peur de plonger ; 
⇾ la peur de tomber dans l’eau ; 
⇾ la peur de la profondeur et de ne plus avoir pied ; 
⇾ la peur de recevoir de l’eau dans les yeux ou dans les oreilles ; 
⇾ la peur d’avoir la tête sous l’eau ; 
⇾ être en proie à une panique totale et incontrôlable lorsqu’on est exposé·e à de l’eau ; 
⇾ le fait d’éviter l’eau influe sur nos choix (personnels et professionnels) et sur notre quotidien ainsi que sur celui de nos proches (en ne partant, par exemple, pas en vacances à proximité de la mer ou d’une piscine, etc.) ; 
⇾ la présence de troubles somatiques – lorsqu’on se trouve près de l’eau ou que l’on évoque/ songe à un environnement aquatique – tels que : la tachycardie, la sudation, des difficultés à respirer, des nausées, ou encore l’évanouissement, etc. ; 
etc. 

“Je panique à partir du moment où je ne suis plus en contact avec le sol. Tant que j’ai pied et que je suis debout, j’arrive à gérer… Mais dès que ce n’est plus le cas, je panique, je fais des mouvements dans tous les sens, je prends de grosses inspirations (sous l’eau, ce qui n’est pas terrible…) et je perds totalement mes repères”, nous raconte Benjamin, aquaphobe. 

Pour vous sentir bien durant une baignade ou une séance de natation, découvrez aussi le lien entre le sport et la confiance en soi qui vous aidera à vaincre votre aquaphobie 

D’OÙ VIENT L’AQUAPHOBIE ? 

Les causes qui déclenchent une aquaphobie sont nombreuses et appartiennent à l’expérience de chacun·e. Cette peur peut d’ailleurs survenir à tout âge, bien que, dans la majorité des cas, elle apparaisse assez jeune et perdure ensuite au fil des ans, voire s’intensifie lorsqu’elle n’est pas prise en charge. Ainsi, l’aquaphobie peut être due à : 

⇾ un événement traumatisant dont on se souvient ou non, et que l’on a vécu directement ou non (par exemple, en ayant échappé à une noyade ou en ayant été témoin de la noyade d’une autre personne, ou encore si l’on a été poussé·e/brusqué·e dans l’eau contre notre gré, etc.) ; 
⇾ une mésestime de nos propres capacités à nager (que l’on sache nager ou non) ; 
⇾ un manque de confiance en soi dû à un jugement extérieur non-fondé ou encore à une peur transmise de manière consciente ou inconsciente par l’un·e de nos référent·es ; 
⇾ etc. 

“Je n’ai pas de souvenirs marquant le début de cette peur. Vers 12-13 ans, j’ai tenté pour la première fois d’apprendre à nager et c’est là que je m’en suis rendu compte. Je n’avais jamais été spécialement à l’aise dans l’eau avant, mais comme je n’avais pas essayé de nager ni même de faire la planche, je ne savais pas que j’étais aquaphobe”, explique Benjamin. 

COMMENT SE DÉBARRASSER DE CETTE PHOBIE/PEUR AFIN DE SE DÉTENDRE (ENFIN) DANS L’EAU ? 

Si l’aquaphobie est un obstacle au quotidien, il existe heureusement plusieurs solutions pour tenter de la vaincre… À vous de trouver la ou les techniques qui vous conviennent parmi celles que nous vous proposons. 

► SE RENDRE À UN COURS OU UN STAGE D’AQUAPHOBIE 

Pour venir à bout de l’aquaphobiecertaines piscines proposent des cours. Il peut, par exemple, s’agir d’un stage d’un week-end, ou encore de leçons hebdomadaires. Si vous êtes aquaphobe ou que vous tentez d’aider un·e proche victime de cette phobie, nous vous invitons à vous adresser aux piscines situées à proximité de chez vous afin de savoir si elles proposent ce type de cours. 
Par ailleurs, il est essentiel de réaliser que les cours d’aquaphobie s’adressent aux personnes motivées à l’idée de surmonter leur phobie. On ne peut, en effet, aucunement forcer un·e aquaphobe à vaincre sa peur puisque le processus de soulagement de l’aquaphobie ne peut évidemment être entamé sans la volonté de la personne concernée à aller mieux. 
Les cours d’aquaphobie se déroulent de la manière suivante : par groupes restreints, des moniteur·trices expérimenté·es adaptent leur programme en fonction des peurs de chacun·e afin de vous aider à obtenir le maximum de résultats. Comme expliqué quelques lignes plus haut, la durée d’un stage peut être plus ou moins longue selon vos besoins, l’intensité de votre phobie, et votre progression, mais vous pouvez tout à fait commencer votre stage un samedi matin et le terminer un dimanche soir. Et si ce laps de temps vous semble court, vous seriez surpris·e d’apprendre à quel point les progrès réalisés sont spectaculaires en seulement deux jours ! 
Au programme ? Apprivoisement de l’eau à votre propre rythme et apprentissage des techniques de respiration. Les moniteur·trices vont également vous aider à entrer dans l’eau progressivement et au gré de votre envie, à vous tenir à la verticale, à vous déplacer dans l’eau en toute sécurité, à découvrir la flottaison, à apprendre à mettre votre tête sous l’eau sans appréhension (et toujours si vous vous en sentez capable), et à ne pas paniquer lorsque vous n’avez plus pied. Bref, vous l’aurez compris, l’objectif des cours d’aquaphobie n’est pas d’apprendre à nager mais bien de (re)trouver progressivement le plaisir d’être serein·e et détendu·e au contact de l’eau. 
Sachez aussi qu’il est fortement conseillé d’entrer régulièrement dans l’eau après vos cours d’aquaphobie afin de conserver les bénéfices du travail effectué pendant ces derniers. Enfin, envisager de prendre des cours de natation peut également être judicieux. Et pour cause, le fait de savoir nager vous permet d’exercer un contrôle optimal sur votre corps dans l’élément aquatique : il y a ainsi peu de chance pour que votre aquaphobie passée pointe de nouveau le bout de son nez ! 

► APPRENDRE À NAGER 

Comme nous le disions précédemment, apprendre à nager est un véritable pas en avant effectué pour vous libérer de votre aquaphobie puisque, si vous savez nager, les raisons pour lesquelles vous pourriez éventuellement paniquer perdent significativement en légitimité. Ainsi, nous vous recommandons de prendre des cours de natation et d’apprendre à nager avec des accessoires qui peuvent vous rassurer. Il peut, par exemple, s’agir d’un pince-nez ou encore d’une boué. Et si les avis divergent à ce sujet-là, il n’appartient qu’à vous d’accepter ou non une potentielle aide extérieure vous permettant d’être plus serein·e et en sécurité dans l’eau. D’ailleurs, si vous choisissez de nager avec un pince-nez ou une bouée, il est préférable que cela soit fait dans l’optique de vous en détacher par la suite… Un peu comme un enfant à qui on apprend à faire du vélo avec des roulettes : l’idée n’est pas de les garder ensuite toute sa vie. 
Il nous semble également important de vous préciser qu’il est essentiel que vous appreniez à mettre votre tête sous l’eau lors de votre apprentissage de la natation. Nous avons conscience qu’il peut s’agir ici d’une étape pouvant paraître anxiogène, voire insurmontable. Vous serez néanmoins heureux·euse de découvrir votre soulagement lorsque vous y parviendrez. Ne vous y essayez toutefois pas seul·e, il est primordial que vous soyez, dans un premier temps, accompagné·e d’un·e maître-nageur·euse pour réaliser cette étape clé. 

► NE PAS FORCER UNE PERSONNE AQUAPHOBE À APPRENDRE À NAGER OU À NAGER 

Après avoir vanté les bienfaits de l’apprentissage de la natation, nuancer nos propos nous semble également fondamental. En effet, apprendre à nager est un bon chose pourvu que vous – ou la personne aquaphobe que vous tentez de convaincre de lutter contre sa peur – en ayez envie. Aussi, brusquer ou forcer une personne dans son apprentissage de la natation peut avoir l’effet inverse que celui escompté, à savoir renforcer son aquaphobie plutôt que la motiver à la vaincre. Surprendre un·e aquaphobe en l’éclaboussant ou en le·la jetant à l’eau est aussi extrêmement dangereux. Il est effectivement essentiel de comprendre qu’une phobie induit un contrôle de la part de celui ou celle qui la subit, par exemple, lorsqu’il·elle clame qu’il est hors de question pour lui·elle de s’approcher de l’eau. Aussi, pour la vaincre, cette personne doit justement pouvoir prendre conscience qu’elle peut maîtriser la chose qui lui faisait peur, “je sais nager, je peux contrôler les mouvements de mon corps dans l’eau, je n’ai donc plus peur de cet élément”. Or, en prenant une personne aquaphobe par surpriseon lui retire toute possibilité de contrôle et concourons donc à accentuer sa peur de l’eau. 

► QUELQUES EXERCICES AQUATIQUES POUR LUTTER CONTRE L’AQUAPHOBIE 

Différentes manières de vaincre l’aquaphobie existent, elles sont adaptées au niveau et aux envies de chacun·e… Grâce à elles, (re)trouvez les plaisirs de l’eau ! 

Pour vaincre votre aquaphobie, vous pouvez commencer par tenter de vous sentir à l’aise dans votre baignoire. Pour cela, vous pouvez par exemple disposer des huiles essentielles dans l’eau, leurs vertus relaxantes vous aideront à vous détendre. 
Plutôt que de vous rendre dans une piscine municipale, préférez, si vous le pouvez, une piscine de thalassothérapieplus “cocooning” elle peut concourir à vous rassurer davantage. 
Faites le test du verre d’eau : plongez un verre vide à l’envers dans une bassine. Vous constaterez que l’air reste à l’intérieur du verre ! Eh bien c’est le même principe lorsqu’on plonge la tête sous l’eau : l’air reste dans le nez et empêche ainsi l’eau d’y pénétrer tant qu’on ne penche pas la tête en arrière. 
Si vous vous en sentez capable, à la piscine, essayez de vous immerger jusqu’à la taille puis d’aller poser vos mains sur le sol. Vous vous rendrez compte que votre corps remonte tout seul à la surface il flotte ! En effet, lorsque vos poumons sont remplis d’air, vous ne pouvez pas couler. 

► OPTER POUR UNE THÉRAPIE OU UNE MÉDECINE DOUCE 

Parfois, le degré d’aquaphobie dont est atteint une personne est tel qu’il n’est pas possible pour cette dernière d’envisager de vaincre sa phobie en étant physiquement confrontée à l’eau. Dans ce cas-là, il est possible d’envisager une thérapie comportementale et cognitive (TCC). La thérapie comportementale et cognitive a pour objectif de vous aider à identifier, à comprendre, et à modifier les schémas de pensées dont l’influence sur vos comportements et vos émotions est négative et nuisible. Pour ce faire, le·la psychologue, psychiatre, ou psychothérapeute à qui vous faites appel va vous confronter à votre phobie en vous amenant à vous demander pourquoi est-ce que vous avez peur de l’eau, et si cette peur est raisonnée et véritablement légitime/si elle ne relève pas davantage de la croyance que de la réalité. Au terme de la thérapie, une prévention sera également faite pour éviter toute rechute. 
Vous pouvez aussi vous pencher vers les médecines douces pour vous aider à venir à bout de votre aquaphobie. L’hypnose, par exemple, peut constituer une manière efficace de déconditionner votre peur de l’eau via la recherche de son élément déclencheur dans vos souvenirs conscients ou inconscients. 
Enfin, ne sous-estimez pas le pouvoir de la respiration : cette technique peut en effet vous aider à reprendre le contrôle sur votre peur. Et pour cause, en respirant profondément et calmement, vous vous ancrez dans le moment présent ainsi qu’à vos sensations réelles et non à celles que vous projetez ou que vous craignez de ressentir. 
Dans tous les cas, qu’il s’agisse d’une thérapie comportementale et cognitive, d’hypnose, de techniques de respiration, ou encore de sophrologie, le nombre de séances nécessaires pour aider un·e patient·e à aller mieux est bien évidemment variable et adapté aux besoins de chacun·e. 

CONCLUSION 

Vous en savez désormais davantage sur l’aquaphobie. Alors, si vous êtes aquaphobe et que vous souhaitez apprendre à surpasser votre peurn’hésitez pas à vous faire accompagner par des professionnel·les, en commençant par évoquer le sujet avec votre médecin traitant qui saura vous orienter vers d’autres confrères ou consœurs. Et si l’un·e de vos proches est aquaphobeoffrez-lui votre soutien et partagez-lui cet article… Ça ne coûte rien et, qui sait, cela pourrait aussi lui faire du bien ! 🙂 

Manon 

Fille, sœur, et compagne de cyclistes. Traileuse* élevée en plein air, à l’école du sport. Particule ultra* en cours d’acquisition. Marathonienne et championne de France Junior 2013 du 10 000 mètres marche athlétique. Mordue d’histoires de sportif·ves.

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